L’allocation équivalent retraite (AER) était un dispositif mis en place pour offrir une aide financière à certaines personnes âgées de plus de 55 ans, proches de la retraite mais n’ayant pas encore atteint l’âge légal pour y prétendre. Elle visait principalement à garantir un revenu minimal aux demandeurs d’emploi ayant suffisamment cotisé tout au long de leur vie professionnelle. L’AER a été supprimée en 2011 pour les nouveaux bénéficiaires, mais certains droits ont perduré pour les personnes qui la percevaient déjà à cette date.
Sommaire
Origine et objectifs du dispositif
L’allocation équivalent retraite a été instaurée en 2002 afin de répondre à une problématique récurrente pour certains demandeurs d’emploi âgés : l’absence de revenus suffisants dans les dernières années précédant la retraite. De nombreux travailleurs ayant connu des carrières longues et souvent pénibles se retrouvaient sans emploi à partir de 55 ans, sans pour autant être éligibles immédiatement à une pension. Ce dispositif visait donc à leur fournir un appui financier en attendant l’ouverture de leurs droits à la retraite de base ou complémentaire.
L’AER permettait ainsi de maintenir un niveau de vie minimum en prenant en compte les droits acquis au cours de la vie professionnelle. L’idée était de considérer que les bénéficiaires, bien que non retraités, avaient contribué de manière significative au système et devaient être soutenus jusqu’à leur départ officiel à la retraite.
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Conditions d’éligibilité
Les conditions d’éligibilité à l’AER étaient strictement encadrées. Elle ne s’adressait qu’à certaines catégories de personnes.
- Les demandeurs d’emploi âgés de plus de 55 ans inscrits à Pôle emploi
- Les personnes justifiant du nombre de trimestres requis pour une retraite à taux plein, sans pour autant avoir atteint l’âge légal de départ
- Les allocataires de l’assurance chômage en fin de droits
- Les individus dont les ressources personnelles et familiales étaient inférieures à un plafond défini chaque année
Il était également nécessaire de résider sur le territoire français de manière stable et régulière. Toute absence prolongée pouvait entraîner la suspension ou la suppression de l’aide.
Montant et durée de versement
Le montant de l’allocation équivalent retraite dépendait de plusieurs critères, notamment les ressources du foyer, la situation familiale et les droits à l’assurance chômage. Le montant pouvait atteindre une somme équivalente à celle de l’Allocation de Solidarité Spécifique (ASS), sans pouvoir la dépasser.
En règle générale, l’AER était versée mensuellement par Pôle emploi ou par la Caisse d’Allocations Familiales, selon les cas. Le versement se poursuivait jusqu’à ce que l’allocataire atteigne l’âge requis pour faire valoir ses droits à la retraite. Dans certaines situations, un contrôle régulier des ressources et de la situation personnelle était nécessaire pour maintenir le droit à l’allocation.
Suppression progressive du dispositif
La réforme de 2011 a marqué la fin de l’AER pour les nouveaux entrants. Cette décision s’inscrivait dans un mouvement global de recentrage des aides sociales et d’harmonisation des prestations autour de dispositifs jugés plus cohérents, comme l’Allocation de Solidarité aux Personnes Âgées (ASPA) ou l’ASS. Toutefois, les personnes déjà bénéficiaires à cette date ont pu continuer à percevoir l’AER jusqu’à ce qu’elles atteignent l’âge légal de départ à la retraite.
La suppression de l’AER a suscité plusieurs débats, notamment sur la situation des chômeurs âgés de longue durée. En effet, beaucoup de ces travailleurs peinaient à retrouver un emploi et se retrouvaient sans revenus intermédiaires, exposés à une précarité accrue. Des dispositifs de substitution ont été envisagés pour atténuer les effets de cette suppression, mais aucun n’a totalement remplacé l’AER dans sa logique initiale.
Comparaison avec d’autres dispositifs
L’AER se distinguait d’autres aides existantes par sa spécificité : elle prenait en compte la durée de cotisation plutôt que la seule situation de demandeur d’emploi. Ci-dessous, un tableau permet de visualiser les principales différences avec d’autres prestations sociales destinées aux seniors en difficulté :
Dispositif | Conditions principales | Public visé |
---|---|---|
AER | 55 ans et plus, carrière complète, en fin de droits | Chômeurs proches de la retraite |
ASS | Fin de droits au chômage, ressources modestes | Demandeurs d’emploi sans nombre de trimestres requis |
ASPA | Minimum vieillesse à partir de 65 ans | Personnes retraitées à faibles ressources |
Modalités de demande
Pour percevoir l’AER, le demandeur devait effectuer une démarche spécifique auprès de Pôle emploi. Il s’agissait notamment de remplir un formulaire de demande accompagné de justificatifs, tels que :
- Relevés de carrière (attestant du nombre de trimestres validés)
- Justificatifs de situation familiale (mariage, enfants à charge, etc.)
- Derniers avis d’imposition
- Attestations de versement de l’assurance chômage
Le dossier était ensuite instruit, et une notification était envoyée indiquant le montant mensuel alloué et les éventuelles obligations de déclaration régulière.
Cas particuliers et exclusions
Certains cas spécifiques pouvaient entraîner un refus ou une exclusion du dispositif. Par exemple, les personnes n’ayant pas validé le nombre de trimestres requis pour une retraite à taux plein étaient systématiquement exclues. De même, les bénéficiaires d’une pension d’invalidité ou de certains régimes spéciaux pouvaient être exclus si leurs ressources dépassaient les plafonds définis.
Par ailleurs, l’AER n’était pas cumulable avec d’autres aides visant la même finalité, comme le Revenu de Solidarité Active (RSA) dans sa version pour personnes de plus de 50 ans. Cette règle visait à éviter les chevauchements de prestations et à simplifier la gestion administrative.
Évolutions réglementaires après 2011
À la suite de la suppression de l’AER, des ajustements ont été introduits dans les dispositifs de soutien aux demandeurs d’emploi âgés. L’ASS a été légèrement revalorisée dans certains cas, et de nouvelles aides ciblées ont vu le jour dans le cadre du plan seniors de l’État. Ces mesures avaient pour objectif de limiter les impacts de la suppression de l’AER, sans toutefois reconstituer un mécanisme identique.
En parallèle, l’âge légal de départ à la retraite ayant été progressivement relevé, de nombreux seniors ont été contraints de prolonger leur activité ou de solliciter d’autres aides transitoires, souvent moins favorables.
Impact sur les bénéficiaires
Pour les personnes concernées, la suppression de l’AER a représenté une perte de sécurité financière importante. Beaucoup se retrouvaient avec peu de recours, surtout lorsqu’ils ne remplissaient pas les conditions d’autres dispositifs. Certains syndicats et associations ont dénoncé une inégalité de traitement entre ceux qui avaient eu accès à l’AER et ceux qui, après 2011, se sont retrouvés sans solution équivalente.
L’impact s’est fait particulièrement ressentir dans les secteurs où les carrières sont interrompues par des périodes de chômage ou de travail précaire. Les travailleurs manuels, les ouvriers du bâtiment ou les personnes ayant connu des reconversions successives faisaient partie des plus touchés.
Perspectives et alternatives actuelles
Depuis la fin de l’AER, la question du soutien aux demandeurs d’emploi âgés reste un enjeu d’actualité. Des dispositifs comme le contrat de sécurisation professionnelle (CSP), ou les dispositifs régionaux d’accompagnement, ont partiellement pris le relais pour les chômeurs de longue durée. Cependant, aucun d’entre eux ne se fonde uniquement sur les droits à la retraite pour établir l’éligibilité à une aide financière.
Des débats existent encore aujourd’hui autour de la mise en place d’un revenu minimum pour les seniors en recherche d’emploi, tenant compte de leur parcours professionnel. Si aucune réforme ne prévoit à ce jour un retour de l’AER, certains acteurs sociaux continuent de défendre la nécessité d’un dispositif équivalent, ciblé sur les travailleurs proches de la retraite mais sans emploi.