RSV : faut-il vraiment se faire vacciner après 60 ans ?

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Le virus respiratoire syncytial (VRS) est un agent pathogène hivernal qui infecte principalement les voies respiratoires. Chez les jeunes sujets, il provoque souvent un simple syndrome grippal, mais il peut entraîner des complications graves chez les personnes âgées. En France, chaque hiver le VRS est responsable de 15 000 à 20 000 hospitalisations chez les seniors, et de plusieurs milliers de décès. De plus, la concomitance des épidémies de VRS, de grippe et de COVID-19 durant l’hiver pèse fortement sur le système de santé.

Le VRS et ses risques pour les seniors

Le VRS se transmet par voie aérienne (toux, éternuements) ou par contact avec des surfaces infectées. La protéine F du VRS, qui assure la fusion des cellules infectées (d’où le nom de virus « syncytial »), est la cible des vaccins actuels. Le VRS circule en saison hivernale, avec deux sous-types (A et B) et une contagiosité élevée. La plupart des adultes en bonne santé auront des symptômes modérés (rhume, toux), mais le virus peut conduire à des formes graves chez les personnes âgées.

Le risque augmente avec l’âge et en cas de comorbidités. Par exemple, l’incidence des hospitalisations liées au VRS passe de 16 pour 100 000 chez les personnes de 50 ans et plus à 63 pour 100 000 chez les plus de 80 ans. Chez les plus âgés, le VRS peut déclencher un syndrome de détresse respiratoire aiguë ou aggraver une maladie sous-jacente, nécessitant une hospitalisation et parfois une assistance respiratoire.

Plusieurs comorbidités sont associées à un risque accru de VRS sévère :

  • Maladie cardiovasculaire chronique (insuffisance cardiaque, coronaropathie, etc.)
  • Maladie respiratoire chronique (BPCO, asthme sévère, fibrose pulmonaire, etc.)
  • Insuffisance rénale terminale ou dialyse chronique
  • Diabète compliqué (avec atteinte rénale, nerveuse, ou traitement par insuline)
  • Pathologie neurologique ou musculaire affectant la ventilation (séquelle d’AVC avec dysphagie, sclérose latérale amyotrophique, myopathies, etc.)

Ces facteurs de risque sont reconnus pour aggraver l’évolution d’une infection à VRS chez l’adulte. À l’inverse, en l’absence de comorbidité, l’infection reste le plus souvent bénigne. Les personnes âgées résidant en établissement (Ehpad) sont également plus vulnérables en raison de la promiscuité et de la fragilité liée à l’âge.

Les infections respiratoires à VRS chez l’adulte peuvent toucher les voies inférieures : selon les études, 30 à 67 % des patients hospitalisés pour VRS présentent une pneumonie radiologique, et 8 à 16 % de ces malades évoluent vers un syndrome de détresse respiratoire aiguë. Aucun traitement antiviral spécifique n’est disponible pour le VRS chez l’adulte, et la prise en charge reste symptomatique (oxygénothérapie, antibiotiques en cas de surinfection). Cela renforce l’intérêt de la prévention vaccinale.


Vaccins RSV disponibles et autorisations

Deux vaccins contre le VRS ont obtenu une autorisation de mise sur le marché européenne en 2023 pour les adultes de 60 ans et plus. Il s’agit d’Arexvy (laboratoire GSK) et d’Abrysvo (laboratoire Pfizer). Selon leur AMM, ces vaccins sont indiqués en immunisation active des sujets âgés de 60 ans et plus pour prévenir les maladies respiratoires basses causées par le VRS.

Ces deux vaccins sont des vaccins à protéine recombinante. Arexvy contient l’antigène de la protéine F du VRS (souche A) stabilisée en conformation pré-fusion, associé à un adjuvant AS01. Abrysvo contient la protéine F pré-fusion des deux sous-types A et B, sans adjuvant. Un troisième vaccin, mRESVIA (laboratoire Moderna), est un vaccin à ARNm codant pour la protéine F pré-fusion (souche A). Il a été autorisé aux États-Unis en 2024 pour les personnes âgées de 60 ans et plus. Ces vaccins ne contiennent pas le virus vivant ; ils sont à base d’antigènes viraux inactivés ou d’ARNm, ce qui les rend sûrs même chez les personnes immunodéprimées.

En France, ces vaccins sont disponibles depuis 2023 pour les plus de 60 ans. Il est recommandé d’administrer la vaccination RSV avant la saison épidémique, idéalement en fin d’été ou en début d’automne. Ils peuvent être administrés en même temps que le vaccin antigrippal.

Vaccin Laboratoire Type AMM Européenne Population recommandée
Arexvy GSK Protéine F pré-fusion (A) recombinant + adjuvant AS01 2023 (adultes ≥ 60 ans) Recommandé ≥ 75 ans et ≥ 65 ans à risque
Abrysvo Pfizer Protéine F pré-fusion (A+B) recombinant 2023 (adultes ≥ 60 ans) Recommandé ≥ 75 ans et ≥ 65 ans à risque
mRESVIA Moderna Vaccin à ARNm (protéine F pré-fusion A) 2024 (FDA, ≥ 60 ans) Non disponible en UE ; recommandé ≥ 60 ans aux États-Unis

Efficacité et sécurité des vaccins

Les essais cliniques de phase III ont montré que ces vaccins réduisent significativement les infections graves à VRS chez les seniors. Deux études majeures ont rapporté des efficacités respectives de 66,7 % et 82,6 % dans la prévention des maladies respiratoires basses à VRS chez les 60 ans et plus. En pratique, une seule dose par saison suffit selon les données actuelles, et la vaccination n’est pas prévue comme annuelle. Une dose unique offre déjà une protection substantielle pour la saison suivante, même si les recherches se poursuivent pour déterminer la durée de cette immunité.

Les effets indésirables observés sont principalement locaux (douleur au point d’injection) et généraux (fatigue, courbatures), généralement de courte durée. Plus de 90 % des événements déclarés sont bénins. Un signal a néanmoins été noté pour le syndrome de Guillain–Barré, une maladie neurologique rare. En population générale, on a rapporté environ 1 à 5 cas par million de doses. Cette incidence très faible n’a pas remis en cause l’intérêt de la vaccination : les spécialistes estiment que le bénéfice pour les seniors dépasse ce risque minime.


Recommandations vaccinales pour les seniors

Les autorités sanitaires recommandent la vaccination RSV prioritairement chez les personnes âgées de 75 ans et plus. Elle est également proposée aux seniors de 65 ans et plus présentant des maladies respiratoires ou cardiaques chroniques susceptibles de se décompenser lors d’une infection à VRS. Ces recommandations ciblent donc avant tout les seniors fragiles.

En pratique, la vaccination peut être effectuée en même temps que le vaccin antigrippe saisonnier. Les personnes concernées sont invitées à en discuter avec leur médecin, qui évaluera le rapport bénéfice/risque individuel. La décision dépendra du contexte personnel (âge, comorbidités, exposition virale).

Dans d’autres pays, comme les États-Unis ou le Canada, des recommandations similaires sont en place pour les ≥ 75 ans et pour les résidents en établissements de soins. Tous les seniors n’ont toutefois pas la même indication : il s’agit en premier lieu des ≥ 75 ans, tandis que pour les 60–74 ans en bonne santé la vaccination demeure facultative, à discuter au cas par cas.

La vaccination anti-VRS complète les mesures préventives contre les infections respiratoires hivernales des seniors. Elle ne remplace ni la vaccination antigrippale ni les gestes barrières, mais elle ajoute une protection ciblée contre un virus spécifique. Son usage est aujourd’hui circonscrit aux personnes les plus fragiles. Pour les 60–74 ans en bonne santé, la vaccination reste facultative. Chaque senior doit donc en discuter avec son médecin. La stratégie vaccinale sera revue chaque année en fonction des résultats observés et de la circulation virale.

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