Les chevilles enflées chez les personnes âgées constituent un problème de santé fréquent, souvent lié à un excès de liquide dans les tissus (appelé œdème). Ce gonflement autour de l’articulation de la cheville peut être bénin ou le signe d’une affection sous-jacente plus sérieuse. Chez les aînés, des chevilles gonflées peuvent entraîner une gêne à la marche, des douleurs et un risque accru de chute.
Sommaire
Causes courantes des chevilles enflées chez les personnes âgées
Les chevilles peuvent enfler lorsque des fluides s’accumulent dans les tissus des membres inférieurs, généralement en raison d’un déséquilibre circulatoire ou lymphatique. Chez les personnes âgées, plusieurs facteurs médicaux ou liés au mode de vie peuvent expliquer ce phénomène. Voici les causes les plus fréquentes :
Insuffisance veineuse chronique : Avec l’âge, les veines des jambes perdent de leur élasticité et leurs valvules fonctionnent moins efficacement. Il en résulte un retour veineux diminué et une stagnation du sang dans les membres inférieurs. Cette insuffisance veineuse entraîne souvent un gonflement progressif des pieds et des chevilles, aggravé en fin de journée ou après de longues stations debout. Des varices, une sensation de jambes lourdes ou des changements de couleur de peau (taches brunâtres) peuvent également apparaître.
Insuffisance cardiaque : Un cœur affaibli (particulièrement en cas d’insuffisance cardiaque congestive) peine à pomper le sang efficacement. Cela provoque une accumulation de sang en aval du cœur et une congestion dans les tissus. Chez les seniors, l’insuffisance cardiaque se manifeste souvent par un œdème aux chevilles bilatéral (touchant les deux chevilles), accompagné d’autres signes comme un essoufflement, de la fatigue ou des palpitations. Le gonflement est généralement plus marqué le soir et régresse partiellement la nuit en position allongée.
Insuffisance rénale (et autres troubles de rétention d’eau) : Des reins qui filtrent mal le sang peuvent conduire à une rétention d’eau généralisée dans l’organisme. Chez la personne âgée, une insuffisance rénale peut se traduire par un gonflement des chevilles, mais aussi des pieds, voire du visage et des mains dans les cas sévères. D’autres affections peuvent provoquer un mécanisme similaire de rétention hydrique, notamment l’insuffisance hépatique (cirrhose) qui diminue la production de protéines sanguines et favorise l’œdème, ou encore certains troubles hormonaux (par exemple l’hypothyroïdie sévère pouvant entraîner un myxœdème).
Effets secondaires de médicaments : De nombreux médicaments couramment prescrits aux seniors peuvent avoir pour effet indésirable de faire gonfler les chevilles. Par exemple, certains traitements de l’hypertension artérielle comme les inhibiteurs calciques (ex. amlodipine) provoquent une vasodilatation qui favorise l’œdème périphérique. D’autres substances comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peuvent encourager la rétention d’eau, tout comme certains antidiabétiques (ex. glitazones) ou corticostéroïdes. Il est également connu que la combinaison de plusieurs médicaments peut aggraver l’œdème chez les sujets prédisposés.
Lymphœdème (insuffisance lymphatique) : Le système lymphatique aide à drainer l’excès de liquide interstitiel. Chez certaines personnes âgées, ce système fonctionne mal – que ce soit en raison de pathologies lymphatiques, de suites d’interventions chirurgicales (par exemple un curage ganglionnaire) ou d’infections passées – provoquant un gonflement chronique d’une partie des jambes ou des chevilles. Le lymphœdème se caractérise par un œdème « dur » (la peau garde une trace à la pression) et persistant, pouvant toucher une seule jambe ou les deux.
Mode de vie et facteurs externes : Un mode de vie sédentaire ou certaines habitudes peuvent expliquer des chevilles enflées sans maladie grave sous-jacente. Le fait de rester assis ou debout trop longtemps immobilise la pompe musculaire des mollets, ce qui ralentit le retour veineux et favorise l’enflure. La chaleur excessive (par exemple durant l’été ou dans des pièces surchauffées) provoque une dilatation des vaisseaux et peut aggraver un œdème. Le port de vêtements trop serrés ou de chaussures inadaptées peut également comprimer la circulation. Par ailleurs, un surpoids accentue la pression sur les membres inférieurs, augmentant le risque de gonflement des chevilles, surtout en fin de journée.
Traumatismes, inflammations ou troubles locaux : Parfois, l’enflure de la cheville résulte d’un problème local plutôt que d’une rétention générale de liquide. Une entorse (foulure) ou une blessure à la cheville provoque une inflammation avec gonflement unilatéral, douleur et difficulté à marcher. De même, un épisode d’arthrite ou d’arthrose de la cheville peut s’accompagner d’un gonflement et d’une raideur articulaires. Une infection localisée (par exemple une cellulite ou un érysipèle sur la jambe) cause également un œdème chaud, douloureux et rouge, n’affectant généralement qu’un seul côté. Enfin, il ne faut pas oublier que la présence d’une thrombose veineuse profonde (phlébite) dans la jambe peut se révéler par une cheville subitement enflée, douloureuse et bleuâtre : il s’agit d’une urgence médicale nécessitant une prise en charge immédiate.
Les meilleurs remèdes naturels pour soulager les chevilles enflées
Face à des chevilles gonflées, diverses mesures non médicamenteuses peuvent être adoptées afin de réduire l’œdème et d’améliorer le confort de la personne. Ces remèdes naturels visent à stimuler la circulation sanguine et lymphatique, à diminuer la rétention d’eau et à soulager l’inflammation locale. Ils sont généralement simples à mettre en œuvre à domicile et complémentaires d’une prise en charge médicale si nécessaire :
Surélever régulièrement les jambes : La gravité jouant un rôle majeur dans l’œdème des chevilles, maintenir les jambes élevées au-dessus du niveau du cœur pendant quelques minutes, et ce plusieurs fois par jour, aide fortement à dégonfler. Par exemple, s’allonger en plaçant les pieds sur des coussins permet un meilleur retour veineux et lymphatique, soulageant ainsi la pression dans les chevilles. Cette habitude est particulièrement utile en fin de journée ou après une longue période en position debout.
Porter des bas de contention : Les bas ou chaussettes de compression exercent une pression dégressive le long de la jambe, ce qui soutient la circulation veineuse et évite l’accumulation de liquide dans les tissus des chevilles. Il existe différents niveaux de compression : les personnes âgées peuvent utiliser des chaussettes de contention légères préventives en journée pour limiter le gonflement. Ce remède est particulièrement bénéfique en cas d’insuffisance veineuse ou lors de voyages prolongés (voiture, avion) pour prévenir l’œdème.
Exercice physique modéré : Bouger régulièrement aide à activer la pompe musculaire des mollets qui facilite le retour du sang vers le cœur. Une activité physique adaptée à l’âge et à la condition du senior – comme la marche à pied, la natation douce ou la gymnastique d’entretien – contribue à réduire les gonflements. Des exercices simples de flexion-extension des chevilles, répétés chaque heure en position assise, peuvent aussi prévenir la stase veineuse. En outre, l’activité physique contrôle le poids corporel, ce qui diminue la pression exercée sur les chevilles.
Régime alimentaire adapté : Une alimentation équilibrée aide à minimiser la rétention d’eau. Il est conseillé de limiter la consommation de sel, car un apport excessif en sodium favorise l’œdème en retenant l’eau dans l’organisme. Privilégier les aliments riches en potassium (fruits et légumes frais comme la banane, les épinards) peut aider à contrebalancer cet effet. Par ailleurs, veiller à une bonne hydratation (boire suffisamment d’eau au cours de la journée) permet d’éviter que le corps ne retienne trop de liquides par réaction à une déshydratation. Maintenir un apport protéique adéquat est aussi important, car une carence en protéines peut aggraver les œdèmes.
Massages et bains de pieds : Les massages doux des pieds et des chevilles, réalisés avec des mouvements circulaires ascendants (en remontant vers le genou), peuvent stimuler le drainage veino-lymphatique. Ils apportent un soulagement symptomatique en réduisant la sensation de tension cutanée. Pour renforcer l’effet, on peut utiliser des huiles essentielles à vertus circulatoires (telles que l’huile de cyprès ou de menthe poivrée) diluées dans une huile végétale neutre. De même, prendre un bain de pieds régulier dans de l’eau fraîche ou tiède (éventuellement additionnée de gros sel ou de sels d’Epsom) pendant 15 minutes aide à décontracter les tissus et à faire dégonfler les chevilles.
Phytothérapie et remèdes de grand-mère : Certaines plantes médicinales sont traditionnellement utilisées pour réduire les gonflements. Par exemple, des tisanes à effet légèrement diurétique, comme les infusions de pissenlit, de prêle ou de persil, peuvent aider à l’élimination rénale de l’excès d’eau (toujours avec l’avis d’un médecin en cas de traitements en cours). D’autres plantes veinotoniques comme la vigne rouge ou le marron d’Inde existent en compléments alimentaires et visent à améliorer le tonus veineux. Il convient de rester prudent avec les produits naturels et de demander conseil à un professionnel de santé pour éviter les interactions médicamenteuses.
Les principaux remèdes naturels et mesures de soulagement peuvent être résumés dans le tableau suivant :
| Remède naturel | Bienfaits pour les chevilles enflées |
|---|---|
| Élévation des jambes | Favorise le retour veineux et lymphatique, aidant à réduire l’œdème des chevilles |
| Bas de contention | Exercent une pression qui empêche l’accumulation de liquide et soulage la sensation de jambes lourdes |
| Activité physique | Stimule la circulation sanguine, prévient la stase veineuse et contribue à contrôler le poids |
| Régime pauvre en sel | Réduit la rétention d’eau dans les tissus, limitant ainsi le gonflement des extrémités |
| Hydratation suffisante | Maintient l’équilibre hydrique et évite la rétention compensatoire due à la déshydratation |
| Massages et bains frais | Décongestionnent localement les tissus et stimulent le drainage des fluides accumulés |
Traitements médicaux disponibles
Si les chevilles restent enflées malgré les mesures naturelles, ou si l’œdème s’aggrave, une consultation médicale s’impose. Un médecin pourra identifier la cause précise du gonflement par un examen clinique et des examens complémentaires (prise de sang, échographie veineuse, bilan cardiaque, etc.), puis proposer un traitement adapté. La prise en charge médicale vise à traiter la cause sous-jacente tout en soulageant les symptômes :
Médicaments diurétiques : Ces médicaments augmentent l’élimination urinaire de sodium et d’eau, ce qui aide à diminuer les œdèmes. Les diurétiques (comme le furosémide) sont fréquemment prescrits chez les personnes âgées souffrant d’insuffisance cardiaque ou rénale afin de réduire le gonflement des chevilles et des jambes. Ils doivent être utilisés sous surveillance médicale en raison de possibles effets secondaires (déséquilibres électrolytiques, déshydratation).
Médicaments veinotoniques et anti-inflammatoires : En cas d’insuffisance veineuse, le médecin peut conseiller des veinotoniques (médicaments ou compléments renforçant la paroi veineuse et améliorant la circulation, par exemple à base de flavonoïdes). Ceux-ci aident à diminuer l’enflure et la sensation de jambes lourdes. Si une douleur ou une inflammation articulaire contribue au gonflement (arthrite, arthrose), des anti-inflammatoires ou antalgiques peuvent être prescrits pour soulager les symptômes, en veillant aux contre-indications liées à l’âge.
Drainage lymphatique et kinésithérapie : Pour les personnes atteintes de lymphœdème ou d’œdèmes résistants, des séances de drainage lymphatique manuel réalisées par un professionnel (kinésithérapeute) peuvent être très bénéfiques. Ce massage thérapeutique spécifique aide à réactiver la circulation de la lymphe et à résorber l’œdème. Le kinésithérapeute pourra également proposer des exercices de réadaptation pour renforcer les muscles de la cheville et améliorer l’équilibre, ce qui est utile si l’œdème était lié à une immobilité prolongée.
Bas de compression médicaux : Si l’œdème est important, un médecin peut prescrire des bas de compression d’une classe plus élevée que les bas préventifs classiques. Ces dispositifs médicaux sur mesure exercent une pression forte et homogène, très efficace pour contenir un œdème chronique. Le port de bas médicaux est souvent indiqué dans l’insuffisance veineuse sévère, le syndrome post-thrombophlébite ou après un épisode de thrombose veineuse, afin de prévenir les rechutes et de compenser la faiblesse veineuse.
Traitement de la cause sous-jacente : Enfin, la résolution durable des chevilles enflées passe par la gestion du problème médical initial. Cela peut inclure le traitement de l’insuffisance cardiaque par des médicaments appropriés (par exemple bêta-bloquants, inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IEC), etc.), la prise en charge d’une maladie rénale ou hépatique, ou l’ajustement d’un traitement médicamenteux en cas d’effet indésirable identifié. Si une thrombose veineuse a été détectée, un traitement anticoagulant est instauré immédiatement. En présence d’une infection locale, des antibiotiques sont nécessaires. Par ailleurs, certaines situations nécessitent une intervention chirurgicale : par exemple, la chirurgie vasculaire pour traiter des varices très importantes ou la pose d’un stent en cas d’artère obstruée. Une intervention orthopédique peut aussi être envisagée si un problème articulaire en est la cause. Le suivi médical régulier du patient gériatrique permettra d’ajuster ces traitements en fonction de l’évolution de sa condition.
Conseils de prévention
Bien que certaines causes ne puissent être évitées, il existe plusieurs mesures proactives pour prévenir ou limiter l’apparition d’œdèmes aux chevilles chez les seniors :
- Maintenir un poids santé : Le surpoids exerce une pression supplémentaire sur les chevilles et compromet le retour veineux. Adopter un mode de vie sain avec une alimentation équilibrée aide à alléger cette charge et donc à réduire le risque de chevilles enflées.
- Éviter l’immobilité prolongée : Il est important de ne pas rester debout ou assis trop longtemps sans bouger. Faire des pauses régulières pour marcher quelques minutes ou réaliser de petits exercices d’assouplissement des chevilles tout au long de la journée contribue à une meilleure circulation sanguine.
- Adopter une alimentation équilibrée et pauvre en sel : Une nourriture riche en légumes, fruits, fibres et protéines maigres contribue à maintenir un bon équilibre hydrique. Réduire le sel dans les repas permet de limiter la rétention d’eau. Il est aussi recommandé de boire suffisamment d’eau, en petites quantités réparties sur la journée.
- Pratiquer une activité physique régulière : L’exercice aide à renforcer les muscles des jambes et à améliorer la circulation. Les personnes âgées devraient choisir des activités adaptées à leur condition (marche, natation, gymnastique douce) et rester actives chaque jour autant que possible.
- Porter des chaussures et vêtements adaptés : Choisir des chaussures confortables, bien ajustées, avec un bon soutien de la voûte plantaire, prévient l’aggravation de l’enflure. Il faut éviter les chaussettes ou pantalons trop serrés au niveau des chevilles ou des mollets, qui entravent la circulation.
- Surélever les jambes régulièrement au repos : Même en l’absence d’œdème important, prendre l’habitude de garder les pieds surélevés quelques minutes en position allongée aide à décongestionner les chevilles, notamment après une journée fatigante.
- Consulter son médecin en cas de besoin : Un suivi médical régulier permet de dépister et traiter précocement les maladies (cardiaques, rénales, veineuses, etc.) qui pourraient causer des chevilles enflées. Si un gonflement apparaît de manière soudaine, s’accompagne de douleur, de rougeur ou de difficulté à marcher, il ne faut pas hésiter à consulter immédiatement.
