Soins palliatifs pour les personnes âgées : pourquoi, pour qui et comment

Soins palliatifs

Les soins palliatifs ont pour objectif principal d’améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de maladies graves ou en phase de fin de vie, en soulageant la douleur et les autres symptômes tout en offrant un soutien psychologique et social. Souvent associés aux derniers moments de l’existence, ils peuvent toutefois intervenir bien en amont, parallèlement à des traitements curatifs, dès qu’une maladie grave compromet la santé ou le confort d’un patient. Ce sujet, quoique délicat, est particulièrement important pour les personnes âgées, qui représentent une large part des patients concernés par l’accompagnement en fin de vie.

En France, plus des deux tiers des individus qui décèdent chaque année ont plus de 75 ans. Le vieillissement de la population s’accompagne donc d’un besoin accru en soins palliatifs afin d’assurer une fin de vie aussi sereine et digne que possible. Face aux maladies chroniques, à la polypathologie (plusieurs affections simultanées) et à la perte d’autonomie souvent rencontrées chez les aînés, l’approche palliative offre un suivi médical et humain centré sur le confort, la dignité et le respect des souhaits du patient.


Pourquoi instaurer des soins palliatifs pour une personne âgée ?

Lorsqu’une personne âgée est atteinte d’une maladie grave qu’on ne peut pas ou plus guérir, la priorité devient alors de l’accompagner du mieux possible plutôt que de chercher à tout prix à prolonger la vie. Les soins palliatifs apportent une réponse centrée sur le bien-être et l’humanité. Ils permettent d’éviter les traitements agressifs et l’acharnement thérapeutique lorsque ceux-ci sont jugés inutiles ou trop lourds par rapport au bénéfice attendu. En d’autres termes, il s’agit de placer la qualité de vie du patient au-dessus de la seule quantité de jours qui lui restent.

Concrètement, recourir aux soins palliatifs pour un senior vise à :

  • Soulager la douleur et contrôler les symptômes physiques gênants (douleurs chroniques, essoufflement, nausées, fatigue, etc.).
  • Préserver la dignité et le confort de la personne dans les actes du quotidien (toilettes, alimentation, positionnement confortable, absence de souffrance inutile).
  • Soutenir psychologiquement la personne malade, en l’aidant à faire face à l’anxiété, à la tristesse ou à la détresse que peut engendrer la fin de vie.
  • Accompagner les proches du patient : les soutenir, les informer, les impliquer dans les décisions si souhaité, et les aider à préparer l’acceptation du décès imminent.
  • Respecter les volontés et les besoins spirituels ou religieux du patient en fin de vie, afin qu’il puisse vivre ce moment selon ses valeurs (par exemple, présence d’un aumônier ou respect de certains rites si désiré).

Toutes ces mesures ont pour but d’assurer la meilleure qualité de fin de vie possible. C’est pourquoi les soins palliatifs tiennent une place cruciale dans la prise en charge des aînés confrontés à une maladie incurable : ils leur offrent la possibilité de vivre leurs derniers moments entourés, apaisés et dans le respect de leur dignité.


Pour qui ces soins sont-ils proposés ?

Les soins palliatifs ne sont pas réservés aux personnes âgées – ils peuvent concerner tout malade, de tout âge, atteint d’une pathologie grave engageant le pronostic vital. Cependant, en pratique, les seniors représentent une proportion importante des patients en soins palliatifs en raison de la fréquence des maladies sévères chez les aînés. Toute personne souffrant d’une maladie évolutive incurable ou arrivée à un stade très avancé peut en bénéficier : cancer généralisé, insuffisance cardiaque ou respiratoire en phase terminale, maladie neurologique dégénérative (comme la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson à un stade évolué), etc. De même, les personnes très âgées affectées par une fragilité générale et des pertes fonctionnelles importantes peuvent relever d’un accompagnement palliatif.

Contrairement à une idée reçue, on n’attend pas forcément les tout derniers jours pour mettre en place cet accompagnement. Les soins palliatifs peuvent intervenir à différentes étapes du parcours de soins d’une personne âgée :

  • Au stade initial : dès l’annonce ou le début d’une maladie grave, en parallèle des traitements spécifiques, pour soulager les effets secondaires (par exemple, douleurs ou nausées liées à une chimiothérapie) et anticiper les besoins à venir.
  • Au stade avancé : lorsque la maladie progresse malgré les traitements, que ces derniers deviennent moins efficaces, et que les complications ou la douleur s’intensifient.
  • En phase terminale : quand les traitements curatifs sont arrêtés faute d’efficacité et que la fin de vie est proche. Les efforts médicaux se concentrent alors exclusivement sur le confort du patient (contrôle de la douleur, sédation si nécessaire, etc.).

Concrètement, beaucoup de profils de patients âgés peuvent être concernés. Prenons l’exemple d’une personne âgée victime d’une lourde chute, avec fracture du col du fémur. Si, dans certains cas, elle parvient à récupérer, il arrive malheureusement que les traumatismes et les complications associées entraînent une importante perte d’autonomie. La personne, devenue très fragile, s’expose alors aux infections, aux escarres et à d’autres problèmes graves. Si son état général ne permet plus d’amélioration malgré les soins classiques, l’orientation vers des soins palliatifs sera proposée afin de maximiser son confort et de soulager ses souffrances plutôt que de poursuivre des traitements lourds et invasifs sans espoir de guérison.

Il est à noter que, depuis 1999, la loi française reconnaît pour tout malade le droit à bénéficier de soins palliatifs et d’un accompagnement. Autrement dit, dès qu’une personne (jeune ou âgée) se trouve dans une situation médicale relevant de l’approche palliative, elle doit pouvoir y avoir accès si elle le souhaite, après discussion avec son médecin.


Comment se déroulent les soins palliatifs pour une personne âgée ?

La mise en place des soins palliatifs débute généralement par une discussion entre le médecin, le patient et sa famille. C’est le médecin (par exemple, le médecin traitant ou un médecin hospitalier) qui propose cette orientation lorsqu’il estime que l’état du patient le nécessite. Le consentement du patient (s’il est en mesure de s’exprimer) est toujours recherché, et ses volontés sont au centre du projet de soins. Dans le cas d’une personne très affaiblie ou confuse, sa personne de confiance – désignée préalablement – et sa famille seront associées aux décisions afin de respecter au mieux ce que le patient aurait souhaité.

Une fois décidé, l’accompagnement palliatif peut avoir lieu dans différents cadres, en fonction de la situation et des souhaits du patient :

  • À l’hôpital : la personne âgée peut être suivie dans son service d’hospitalisation habituel, avec l’appui d’une équipe mobile de soins palliatifs, ou bien être admise dans une unité spécialisée de type USP (unité de soins palliatifs) si son état nécessite des soins intensifs de confort.
  • À domicile : si le patient préfère rester chez lui et que son état le permet, une organisation se met en place pour apporter les soins palliatifs à domicile. Le médecin traitant coordonne souvent cette prise en charge avec des infirmiers libéraux, des services d’HAD (hospitalisation à domicile) et d’autres intervenants (kinésithérapeute, aides à domicile, etc.).
  • En Ehpad : dans de nombreuses maisons de retraite médicalisées (Ehpad), il est possible de rester au sein de l’établissement pour la fin de vie. Les équipes soignantes de l’Ehpad, parfois aidées par des équipes externes spécialisées, veillent alors à dispenser les soins palliatifs nécessaires sur place afin d’éviter une hospitalisation déstabilisante.

Quel que soit le lieu de prise en charge, les soins palliatifs sont dispensés par une équipe pluridisciplinaire rassemblant des compétences médicales et paramédicales variées. On y retrouve typiquement un médecin référent (palliativiste), des infirmiers présents au quotidien pour les soins et la surveillance des symptômes, des aides-soignants pour l’aide aux gestes courants et le confort, mais aussi un psychologue, un assistant social, sans oublier des kinésithérapeutes ou ergothérapeutes pour le maintien d’une certaine mobilité, et parfois un aumônier (ou autre référent spirituel) ainsi que des bénévoles d’accompagnement. Cette organisation d’équipe permet de couvrir tous les aspects du bien-être du patient.

En effet, la particularité des soins palliatifs est d’offrir une prise en charge « globale » de la personne. Cela signifie que les différentes dimensions de la souffrance et du besoin d’accompagnement sont considérées. Le tableau ci-dessous résume les principaux domaines couverts et quelques exemples d’interventions pour chacun :

Dimension de l’accompagnement Exemples d’interventions en soins palliatifs
Physique Traitements antidouleur puissants (ex : morphine) pour un soulagement de la douleur, gestion d’autres symptômes (lutte contre la difficulté à respirer, nausées, insomnie…), soins de confort quotidiens (prévention des escarres, aide à la mobilité, soins d’hygiène personnalisés).
Psychologique Présence d’une écoute attentive et bienveillante, soutien par un psychologue si nécessaire, aide à la gestion de l’angoisse et de la dépression, possibilité de thérapies non médicamenteuses (relaxation, musicothérapie, etc.).
Sociale et familiale Accompagnement des proches du patient : information régulière sur l’évolution de son état, soutien moral aux aidants familiaux, organisation de répit si possible, aide aux démarches administratives ou juridiques (mise en place d’une tutelle, directives anticipées, etc.).
Spirituelle Respect des convictions et des volontés du patient en fin de vie : possibilité de faire intervenir un référent spirituel (aumônier, ministre du culte) sur demande, aménagement de moments de recueillement, aide à la réalisation de souhaits importants (par exemple, réunir la famille pour un dernier moment de partage).

En pratique, les traitements médicaux administrés en soins palliatifs sont adaptés en permanence aux symptômes du patient. Par exemple, si une douleur apparaît ou s’aggrave, l’équipe réévalue le protocole antalgique (antalgiques de palier supérieur, pompe à morphine, anesthésie locorégionale, etc.) afin de la contrôler. De même, en cas d’angoisse intense ou d’insomnie, un soutien médicamenteux ou psychologique approprié sera mis en place. L’objectif est que le patient ne souffre pas inutilement et conserve la meilleure qualité de vie possible jusqu’au bout.

Il faut souligner que les soins palliatifs n’accélèrent pas le décès, mais ils n’ont pas non plus pour but de prolonger artificiellement la vie à tout prix. Ils respectent le cours naturel de la maladie tout en évitant les interventions invasives dépourvues d’utilité. En France, ces soins sont couverts à 100 % par l’Assurance Maladie (dans le cadre des affections de longue durée), de sorte que les patients et leurs familles n’ont pas de souci financier à craindre pour obtenir cet accompagnement.

Enfin, la société prend de plus en plus conscience de l’importance des soins palliatifs face au vieillissement. Les pouvoirs publics ont développé des plans nationaux pour renforcer l’offre de soins palliatifs et sensibiliser le personnel soignant comme le grand public à cette démarche. Malgré les progrès réalisés, l’accès à ces soins reste inégal selon les régions et les établissements. Néanmoins, pour chaque personne âgée confrontée à une maladie sans issue, pouvoir bénéficier d’une prise en charge palliative représente une aide précieuse : elle lui offre la possibilité de vivre ses derniers instants entourée de bienveillance, avec le maximum de confort et d’humanité.

À lire également

À la une

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous devez remplir ce champ
Vous devez remplir ce champ
Veuillez saisir une adresse e-mail valide.
Vous devez accepter les conditions pour continuer